Il y a quelque temps j’avais écrit un texte sur l’acte d’écrire, ce qu’il représentait pour moi.
Ecrire comme un acte de résistance, au temps qui passe, à l’effacement, à la confusion des idées, des sens et des émotions.
Utiliser l’écriture comme refuge mémoriel lorsque les avalanches régulières du temps recouvrent le paysage de sa jeunesse, se fixer ainsi, à jamais, par écrit.
Autre temps, nouvelle vision, même si je peux encore me reconnaître dans cette version de mon » Pourquoi j’écris? » Aujourd’hui est un autre Présent, où moi écrivant, je pose une analyse alternative ou simplement additionnelle sur mon écriture.
Ecrire comme un acte magique, de création, de création de temps avant tout.
Mes écrits d’aujourd’hui sont les enfants des désirs créateurs qui peuplent mon passé d’écrivant.
Et c’est parce que je met beaucoup d’intention, et de présence à chaque fois que j’écris, porté par mon désir du moment et par ceux encore à venir, que je permet d’ancrer et de faire exister mes mots et autres incantations dans une version du passé plus réelle que les autres. Et c’est fort de cette filiation aux racines profondes, que les mots d’aujourd’hui peuvent prétendre à plus de réalité encore et permettre à un moi écrivant, plus créateur et peut-être aussi plus libre de prendre corps et d’exister.
J’écris pour vivre toujours un peu plus près de moi donc j’écris pour avoir plus d’influence sur le cours des évènements, sur le cours du temps, favoriser une certaine vision du futur au détriment de toutes les autres versions potentielles pré-existantes. Essayer d’influer sur son moi de demain en cherchant à gagner en volonté et clairvoyance dans son écriture.
Ecrire c’est exister.
Je crois en la force de l’intention, je crois au libre arbitre, je crois qu’on peut s’affranchir de notre conditionnement programmé de base.
J’écris et parce que je crois en ma liberté je crée par là même de la réalité. Et parce que j’y met mon intention, ma force de conviction, mon puissant désir et toute mon imagination et aussi parce que je vis ce que j’écris, que je ressens dans ma peau et mes tripes ce que j’écris, je projette une version personnelle du monde qui prend corps dans la réalité partagée, et qui elle même me reconditionne et sculpte mon univers, celui d’aujourd’hui et de demain.
Peu m’importe de savoir qui est le moteur initial de ma réalité, l’histoire que je crée ou moi l’écrivant.
Ecrire est plus que résister à l’usure et l’oubli, écrire c’est pour moi recréer le monde, le mien et le conjuguer au passé, présent et futur.